Le faiseur de chanson de ce point de vue est un marcheur.
Pas à pas, mot à mot, note à note, il avance. Destination en tête, il cherche son rythme, souffle et tempo, s’écarte, revient, déblaie, coupe, taille, aplanit, ajuste le trait, le tracé. Et regarde, fouine, cueille, creuse, marche en découvrant, découvre en marchant, hume et inspire, se laisse inspirer, observe, scrute, écrit. Et se réjouit, d'un plaisir souvent gage d'une avancée dans la bonne direction.
A chaque obstacle son passage, sa solution ; si talent il y a, il est de les trouver, sans dévier.
A l’arrivée, au bout de la marche, comme une odeur de cuisine au seuil de la maison.
Elle fleure bon dès l’intro, la bonne chanson.
MS
D'abord l'idée.
Le cuisinier qui dans une marmite enfourne ses ingrédients sans avoir mijoté l'idée de son plat va au devant d’une étrange bouillie.
L’angle ensuite.
Tout, peu ou prou, a déjà été cuisiné. On ne peut rechercher que des manières différentes de préparer, accommoder, amener à point dans une assiette des mêmes ingrédients de base. Il s’agit dès lors de trouver sa direction, celle qui éloigne du mets recuit, recette éculée.
Le reste, tout le reste, est travail encore. Une route plus ou moins longue, plus ou moins âpre, qui dans tous les cas requiert un point de départ, deux ou trois étapes, un point d’arrivée. Ce tracé d'un itinéraire constitue une sorte de trame, un canevas, une charpente, un squelette qui donne à la démarche sa cohésion, sa cohérence, sa tenue.